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COMMISSION DES ANTIQUITÉS

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ANNEE 1870.

Tome II. 1"^ Livraison.

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COMMISSION DES ANTIQUITÉS.

BULLETIN

DE LA

COMMISSION DES ANTIQUITÉS

DE LA

SEINE - INFERIEURE.

TOxME II.

DIEPPE

IMPRIMERIE D'EMILE DELEVOYE Rue des Tribunaux, 7.

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1MiCETTVCENT£+v > ICRARY

LISTE DES MEMBRES

DE LA

COMMISSION DES ANTIQUITES

DE LA SEINE-INFÉRIEURE.

1870-1871.

Dalfs Noms. Qualités.

MM.

1871, 20 mars. G. LizoT, préfet de la Seinc-InfcTieurc, /^rcsjV/en^. 183i, 16 mars. Cochet *^ (l'abbé) , conservateur du Musée d'antiquités de Rouen, inspecteur des monu- ments historiques et religieut de la Seine- Inférieure, vice-président.

Langlois dEstaintot (le vicomte Robert), avocat à Rouen, secrétaire.

Bouquet ^, professeur au lycée de Rouen, secrétaire-adjoint.

LOTH l'abbé;, professeur à la Faculté de Théologie de Rouen, secrétaire-adjoint .

Floquet '^, correspondant de l'Institut, à Paris.

Deville ^, fondateur du Musée d'antiquités, ancien receveur général, à Paris.

Feret, conservateur de la Bibliothèque, à Dieppe.

Henry Barbet G O ^ ^, ancien député, ancien maire de Rouen. Id. id. Poucuet i^, correspondant de l'Institut, conser-

vateur du Musée d'histoire naturelle de Rouen.

1860,

2 août.

1864,

17 mars

1866,

24 janv.

182i,

22 déc.

1823,

7 juin.

1826,

2 oct.

1831,

19 dér.

MM.

1841, 29 nov. Barthélémy ^, architecte diocésain, à Rouen. Id id. G. MORIN ^, conservateur du Musée de peinture,

à Rouen.

1842, 9 mai. Beaucamp (l'abbé), ch. bon., curé de Saint-Oucn

de Rouen.

1830, 19 déc. Alfred Darcel ô, membre des Comités histori- ques, à Paris.

1852, 27 mars. L. De Glanville, membre de l'Académie de Rouen.

Id. id. Desmarest ^, architecte en chef de la Seine-

Inférieure, à Rouen.

1854, 20 juin. Ue Beaorepaire ^, archiviste de la Seine- Inférieure, à Rouen.

1836, 2 aoiit. De la Londe (Adolphe), capitaine en retraite, à Rouen.

1858, 2 août. Decorde (l'abbé), curé de Notre-Dame-d'Alier- mont, arrondissement de Dieppe.

1860, 2 août. Lecomte l'abbé) , professeur à la Faculté de Théologie de Rouen.

1860, 12 août. Simon, architecte à Rouen.

1860, 27 aoiit. De Merval (Stéphane), propriétaire à Canteleu.

1861, 5 août. G.-V. Grandin, propriétaire à Elbeuf.

1862, 20 mai. Colas (l'abbé), chanoine de l'église métropoli-

taine de Rouen. 1864, 17 mars. Paul Baudry, propriétaire à Rouen.

1863, 12 janv. De Girancourt >^, membre du conseil général,

à Rouen, et à Varimpré, près Neufchâlel. Id. id. Brianchon', archéologue à Gruchet-Ic-Valassc.

Id. id. SoMMÉNiL (l'abbé), chanoine honoraire à Blosse-

ville-Bonsecours, près Rouen.

1866, 16 fév. De Blosseville *^ (Marquis Ernest) , ancien

député, à Rouen, et à Amfrpville-la-Campagne (Eure).

1867, 31 janv. G. Gouellain, archéologue, au Mont-aux-Mala-

des, près Rouen.

1868, 14 mars. Bataille de Bellegarde (Albert), maire de

Grémonville, à Rouen. Id. id. E. GtiEROULT, docteur-médecin à Caudebec-en-

Canx.

VII

MM.

1868, août. Jeuffrain (i'abbé), chanoine archiprétre de la

Cathédrale de Rouen.

1869, 3 juin. De Lépinois, conservateur des hypothèques, à

Rouen, lii. id. GossELi.N, pharmacien à Caudebec-lès-Elbeuf.

1870, 3 janv. D. Dekgny, archéologue à Grandcourt, près Lon-

dinières.

1870, 24 janv. Frèbb (Edouard) , bibliothécaire de la ville de

Rouen.

1871, 27 nov. De la Serre, inspecteur des eaux et forêts, à

Rouen. Id. id. Michel IIakdv, bibliothécaire-archiviste de la

ville (le Dieppe. Id. id. Ch. RoESSLER, archéologue, au Havre.

PROCÈS-VERBAUX

DE LA

COMMISSION DES ANTIQUITÉS

DE LA SEINE-INFÉRIEDRE

Pendant l'année 1870.

Séance du 27 janvier 1870. Présidence de M. l'abbé Cochet.

La séance ouvre à deux heures, dans une des salles de la Préfecture, sous la présidence de M. l'abbé Cochet.

Sont présents : MM. Morin, de Beaurepaire, de la Londe, l'abbé Lecomte, Simon, de Merval, l'abbé Co- las, l'abbé Somménil, l'abbé Loth, marquis de Blosse- ville, Gouellain, Thaurin, de Bellegarde, de Lépinois, Gosselin et vicomte d'Estaintot, secrétaire.

MM. P. Baudry, Brianchon et le docteur Gueroult sont excusés.

Décès de M. de la Quérière. M. le Président fait part à la Commission du décès de son plus ancien membre, M. Eustaclie de la Quérière. « La Commission, dit-il, sera unanime dans l'expression des regrets que lui cause cette perte. L'admission de M. de la Quérière, au sein de la Commission, datait de 1821. Cette date est marquée, dans sa vie, par la publication de son ouvrage sur les Maisons de Ihmen. On peut dire, de M. de la Quérière, qu'il fut le révélateur de l'architec-

2

2

ture civile. Il a compOvSé tous ses travaux à travers les occupations de sa vie de commerçant. Peu de person- nes ont produit autant de brochures que lui. On peut notamment citer celles qui concernent les épis, les enseignes, les cuirs, les ornements des maisons. Aucun détail n'échappait à ses patientes investigations : sa vie entière a été consacrée à la science. Peu de mem- bres ont été aussi exacts que lui à nos réunions. Il savait Rouen par cœur; et nul ne recueillit avec plus d'amour les vestiges glorieux de son passé. »

La Commission tout entière s'associe aux regrets exprimés par M. l'abbé Cochet.

Le procès-verbal de la précédente séance est en- suite lu et adopté.

La correspondance imprimée comprend les pièces suivantes :

Compte rendu de la Commission impe'riale archéolo- gique de Saint-Pétersbourg, pour l'année 1867, avec atlas.

Mémoires de la Société académique de l'arrondissement de Boulogne-sur-Mer, t. m, 1868-1869.

Bulletin de la Société académique de Doulogne-siir-Mer, année 1868.

Société française de Numismatique et d'Archéologie, bull. no97à 112.

Bulletin de la Société archéologique , historique et scien- tifique de Soissons, t. xx, t. i" (2® série).

Les Sièges de Soissons en i8'i4.

Nomination de M. Dergny comme membre correspon- dant. — M. le Président communique un arrêté de M. le Préfet, en date du 3 janvier 1870, nommant membre correspondant de la Commission, M. Dergny (Dieudonné), homme de lettres à Grandcourt, près Londinières. M. Dergny est auteur d'un ouvrage, en deux volumes, sur les cloches du pays de Bray.

Le Campigny. Silex taillés. M. l'abbé Cochet com-

3

munique un extrait du Journal de N eu fchâlcl (18 janvier 1870) mentionnant la découverte de silex taillés, au Campigny, commune de Blangy.

« Au mois d'avril dernier, dans une carrière située sur le territoire de Blangy, au lieu dit le Campigny, a été découverte par M. Eugène de Morgan, une collec- tion de silex taillés qu'il a réunis ; cette carrière avait été ouverte afin d'exploiter un vaste banc de silex pro- pre à l'entretien des chemins, et une de ses coupes laissait voir une inflexion très-prononcée du banc de silex formant une sorte de poche toute remplie d'abord de terre végétale, puis de terre semblable, mélangée de cendres et de charbons, de débris de.poteries gros- sières et de silex taillés recueillis au nombre de 280.

» Ces silex ont les formes suivantes : couteaux, ci- seaux, racloirs, lances, flèches, marteaux, etc. ; tous sont conservés par M. de Morgan qui les a classés, ce qui forme une charmante collection digne de figurer dans un de nos musées d'antiquités.

» D'après cette découverte, il est évident qu'il y avait sur le Campigny une station celtique, un atelier, peut- être mêm.e un lieu de combat, quelque camp (campus quique). Cette dernière appellation ne peut être que très-postérieure, et se rattacherait i\ la légende de la vallée aux corbeaux. Peu de temps après, M. de Mor- gan ne fut pas moins heureux dans ses recherches, et quelques belles ammonites, trouvées par lui au ha- meau (le Grémontmesnil-Blangy, figurent avec avan- tage dans sa collection. »

Neufc/iâtcl. Silex taillés trouvés dans l'arrondisse- ment. — M. l'abbé Cochet ajoute à cette mention l'indi- cation d'une collection réunie par M. Courtin, photo- graphe à Ncufchutel, de diverses hachettes de pierre trouvées dans l'arrondissement : trois à Nculchûtcl, au Mont-Ricard, en 1867 et 1868; une aux Vieilles- Landes, en 1868 ; une et deux fragments à la cote

Saint-Antoine de Neufchâtel, en 1867; une autre à Saint-Saire, en 1869; une jolie hachette en grès au bois de la Couture, à Aumale, eu 1864 ; une autre ha- chette, en serpentine, à Saint-Saëns, au fond du Thil, en 1867.

M. de Girancourt possède, à Varirapré, une jolie hachette en silex très-blanc , provenant de Nesle- Normandeuse.

Nesle-Hodeng. Vase rouge. M. Courtin a égale- ment dans sa collection un vase en terre rouge, du siècle, décoré d'ornement tracés à la roulette. Il a été trouvé à Nesle-Hodeng, en 1868. Il a offert ce vase au Musée de Rouen.

Saint-Saëns. Hipposandale dans le bois de l'Abbaye. M. l'abbé Cochet fait passer sous les yeux de la Commission une hipposandale ou busandale en fer, trouvée en 1861, à Saint-Saëns, dans les bois de l'Ab- baye. Elle a été donnée au Musée par M. Cheveraux, de Boscraesnil.

M. Thaurin se demande s'il ne faut pas y voir une sorte de patin pour marcher sur la glace.

Rouen. Inscription sur le tombeau de Groulard. M. l'abbé Cochet donne ensuite lecture à la Commission des deux formules d'inscriptions à placer sur les tom- beaux de Claude Groulard et de Barbe Guiffard, sa femme, formules rédigées par M. l'abbé Robert et par lui, et en ce moment soumises à l'approbation de M»"" l'Archevêque.

Voici le projet d'inscription pour les tombeaux de Claude Groulard et de Barbe Guiffard, qui, en 1865, fut proposé par M. l'abbé Cochet à S. E. M^'' le Car- dinal et qui fut approuvé par lui :

Haec sepulcra et icônes

Claudii Groulart, in inclyto iVomiannife scnatu principis (f 1607)

et Barbarœ Guiffard, uxoris cjus (f 1399)

prinium in capella Cœlestinorum hujus urbis posila,

s

Deindc, anno 1783, in ecclcsiâ Sancti Albini-lc-Cauf

canonicè translata sunt.

Tempore pcrturbationis flallicœ tàm penitùs abscondita

ut, in anno 1841, tanluni, a Duo Fioquct délecta fuerint.

Rotomagum de novo adducta

In palatio curia; regiœ, 24 annos, permanscrunt.

Tandem, cunctis plaudentibus.

In hoc sacello Sancti Stephani ecclesia; majoris,

Anno domini 1863, collocata sunt,

Annuente Eminentissimo Cardinale de Bonncchose

Rotomagensi Archiepiscopo

procurante D"» Bone Le Roy, Senatore,

Sequanaî-Inferioris prajfeclo,

favente D"" Mnc Godart de Belbeuf, Senatore,

illustrium defunctorum pronepote.

Cette inscription fat approuvée, la même année, par M. le Sénateur Préfet de la Seine-Inférieure.

L'atfaire dormit quatre ans, et voici le texte proposé, en 1869, par M. l'abbé Robert à S. E. Ms'- le Cardinal qui, à ce que m'assure M. Barthélémy, le lui avait de- mandé.

Sepulchrum et effigies clarissimi viri Claudii

Groulart, quondam in Rotom. curià senatùs

principis, qui, justi et aequi vindex acerrimus,

Multas urbes à maiâ factione revocavit.

Obiit Kal. Decembris Ao. D*. MDCVII,

Cujus anima; propitietur Deus.

Sepulchrum et effigies Barbara; Guiffart

uxoris Claudii Groulart, quœ obiit. Ao. D'. MDXCIX. Requiescat in pace,

Ilaec sepulchra primum in ecclesia Sancti démentis,

Monasterii Cœleslinoruni, Deindè in ecclesia

parochia; vulgô dictœ S. Aubin le Cauf posita,

pastremô in hoc sacello collocata sunt

Anno reparatœ salulis MDCCCLXV.

La Commission n'ayant point d'avis ù donner à cet égard, aucun vote n'est émis.

_ 6

Hautot-sur-Mer. Croix de Pourville. M. l'abbé Cochet fait ensuite part des vicissitudes qu'a subies le rétablissement de la Croix de Pourville. Elle date de 1546, mais de cette époque le fût seul existe aujour- d'hui. Il est remarquable par ses moulures en spirale et les décorations figurant les instruments de la Pas- sion et des fleurs variées.

Vendue d'abord à un particulier, en 1860, conservée par suite des protestations des paroissiens, relevée par le département, restaurée d'après un dessin de M. An- dré Durand approuvé par M. Viollet-Leduc, bénite même, en 1861, elle s'est trouvée ensevelie en partie par le remblai du chemin de grande communication, 75, de Dieppe à Saint-Aubin-sur-Mer.

Il s'agit aujourd'hui de décider si elle sera ou non maintenue à un carrefour, un habitant de Hautot, M. Rivière, a fourni les moyens de la transporter.

Un conflit local s'est élevé à cet égard. M. Cochet espère qu'elle sera conservée à l'endroit elle a été définitivement fixée.

Ventes-Saint-Remy. Forêt d'Eaicy. M. Fautras, des Petites-Ventes, ancien garde forestier, a récemment indiqué à notre collègue divers emplacements dans la forêt d'Ea-svy, ou des fouilles pourraient amener des dé- couvertes intéressantes. Voici la note que M. Fautras à remise à M. Cochet.

« Fouilles faites dans la forêt d'Eawy, pendant les mois de novembre et décembre 1869. Canton du Camp-Cusson, commune de Rosay. Il existe sur un terrain en pente, et de la contenance d'environ 1 hec- tare, un emplacement limité par des larges fossés de 4 mètres de largeur et de près de 2 mètres de profondeur. Dans le fond de l'un d'eux est l'orifice d'un puits ou citerne, et dans l'enceinte de ces retranchements il y a une construction consistant en une masse de pierres siliceuses massées en grande partie dans une espèce

7

de glaise rouge qui ne se trouve pas dans la contrée ; on y rencontre aussi une quantité de tuiles romaines. Ce monument peut couvrir une superdcic d'environ 1 are. L'ensemble me porte à supposer que li\ exis- tait une redoute.

» Canton de la Côte aux Hôtreaux, commune des Ventes-Saint-Remy. Deux emplacements d'habita- tions romaines, ainsi que l'indiquent des tuiles ou fragments de tuiles h rebord et une meule en poudin- gue trouvés sur les lieux. Malheureusement ces restes d'habitations ont été fouillées antérieurement ; il ne reste que les premières assises des murs ; cependant j'ai pu encore en développer plusieurs , notamment un sur une longueur de 18 mètres ; la largeur de ce mur n'est que de 60 c. Le mur opposé, qui a été pres- qu'entièrement détruit, se trouve à 10 mètres de celui-ci.

» Canton du Camp-Souverain, commune des Ventes- Saint-Remy. A environ 100 mètres de la nécropole fouillée l'année dernière, j'ai découvert un mur de 80 c. de largeur. J'en ai développé environ 5 mètres de long, et si l'on me permet d'y continuer les travaux, j'y emploirai le restant des fonds qui ont été mis à ma disposition. Ces ruines ont une certaine étendue, an moins égale en grandeur à celle qui a été développée l'année dernière ; on y trouve beaucoup de fragments de tuiles romaines et des fragments de diverses pote- ries anciennes.

» La meule en poudingue, assez bien conservée, est en dépôt chez le soussigné.

» Aux Ventes-Saint-Remy, le 2 janvier 1870.

» Fautr.4S. »

Nota. Aux environs des ruines souterraines du canton du Camp- Souverain, il existe plusieurs places qui pourraient donner des ré- sultais, mais la coupe, en exploitation dans celle localité, s'y oppose pour le moment. F.

8

Bures. Sceau. M. l'abbé Cochet communique l'estampage d'un sceau du xiv« ou du xv^ siècle, l'on lit ; s. m. feret, donné par M. l'abbé Decorde.

Rouen. Croix de pierre. M. Paul Baudry dési- rerait que les débris de la Croix de Pierre fussent transportés au Musée.

Fouilles au Collège de Darnétal, rue Saint- Nicolas. M. Thaurin entretient la Commission des découvertes faites, rue Saint-Nicolas, n" 56, dans les fouilles opé- rées sur l'emplacement de l'ancien collège, dit de Dar- nétal (voir Journal de Rouen, n°^ des 8 et 27 janvier 1 870). Il cite les restes d'un beau vase gaulois, ayant 0,32 à 0,35 de haut, aux parois épaisses et rugueuses à l'extérieur; il repose sur une base plate et relativement étroite ; il était de forme conique et fait d'une pâte noire, friable et parsemée de gravois siliceux.

Plus tard on a trouvé un casse-tête gaulois en silex pyromaque, très-bien poli mais fragmenté à ses extré- mités ; les deux tiers d'une grosse anse d'amphore en terre rougeâtre ; des débris de poteries rouge à reliefs; des monnaies de bronze de Vespasien ou Titus, de Nerva, d'Antonin Pie ; un denier d'argent à l'effigie de l'impératrice Sabine, un moyen bronze à l'effigie de Philippe P^ se remarquent les sigles suivants : au- tour d'un autel cylindrique : cos. m. et saecvlares. AVGG, ce qui indique qu'il fut frappé à l'occasion des jeux séculaires ordonnés par Philippe sous son troi- sième consulat.

Melun et Berville-sur-Mer. M. Simon présente à la Commission un buste de femme en bronze, aux yeux d'émail, trouvé à Melun, et une dague à ressort, en fer, trouvée à Berville-sur-Mer,

Croissct. Caveau funéraire dans l'église des Péni- tents de Sainte-Barbe. M. de Merval rapporte que, dans une réparation récente faite dans l'église du cou- vent des Pénitents à Sainte-Barbe, en soulevant une

9

pierre tombale on a découvert l'entrée d'un caveau voûté en pierre oîi étaient encore déposés deux restes de corps ; au milieu était élevée à 0,3o de hauteur une pierre présentant 0,35 en carré. On y reconnaissait un scellement de plâtre, la pierre était creuse et en enlevant le plâtre on a trouvé, dans une capsule de plomb portant gravée les mots : l'an 1707 le 12^ jour de juillet, une capsule d'ivoire sur laquelle étaient, délicatement sculptées, les armoiries des Paviot écar- telées de celles des Malherbe ; celles des Paviot contre- écartelées d'un écusson de gueules, un griffon d'or, à la bordure d'azur, chargée de hauts besants d'or. On sait que Charles Paviot, procureur-général de la Chambre des Comptes avait, en 1672, épousé une Malherbe. Ce qui explique la présence de cet écusson armorié dans la chapelle de Sainte-Barbe, c'est qu'A- lexandre-Joseph Paviot, s"^ de la Hauteville, reçu con- seiller au Parlement, en 1703, avait épousé, en 1701, Elizabeth Le Coulteux, dont les parents habitaient Croisset.

La dalle tumulaire portait l'inscription suivante :

D. O. M.

Cy-dessoubs gissent raessire Michel Deshayes, secrétaire ordi- naire de la Chambre du Roi, demeurant à Croisset

et sa femme Claire Le Bis

Tous deux sont mentionnés dans Farin pour une fondation faite par eux.

Claire Le Bis était veuve d'Anne Le Clerc, es"", s"" de Gaillarbois, le 26 juin 1580, mort en février 1647, troisième fils d'Alonce Le Clerc, es"", s"" de Croisset, Quevilly, Gaillarbois, Pauche-le-Chièvre, etc., et de Marie d'Assé, lesquels eurent dix fils et deux filles.

Alonce de Croisset fut nommé, le 13 novembre 1583, député pour la noblesse aux États de Normandie.

10

M. Gouellain offre une pièce en fayence en camaïeu rose, de la fabrication de Rouen.

Aumale. Inscription de la dédicace du Cimetière. M. Cochet lit une lettre de M. Dergny qui envoie le relevé, par lui fait, de l'inscription de la dédicace de l'ancien cimetière d'Aumale. Cette inscription, en ca- ractères gothiques, est gravée sur une pierre placée à l'extérieur dans le mur septentrional de cet édifice religieux, chapelle Saint-Roch ; elle est ainsi conçue :

« Le xixe jour de sep -tcrabre mil vc lii fut dédiée ce cy mitière au nom de Messire Sainct Pierre. Priez Dieu pour les âmes de ceulx dot les cer ps y reposent. »

Elle était surmontée d'une petite statuette repré- sentant une personne en prières.

L'emplacement du cimetière est aujourd'hui traversé par une rue dite du Vieux-Cimetière.

M. Dergny signale encore :

Une pièce en cuivre sur laquelle on lit : Lvdo- vicvs XIII Francorvm etNav. rex. Sur ce côté les armes de France accolées de Navarre. Le tout surmonté de la couronne royale. De l'autre côté : Fax et Fœlicitas temporvm 1632. De ce côté : Un caducée accompagné de deux cornes d'abondance.

Une autre pièce aussi en cuivre. On lit sur la face

de cette pièce : d. l. tovr dvc de bvillon. On

distingue encore un peu l'effigie, mais le nom du prince est effacé ainsi que la date. Sur le revers de cette pièce de monnaie : Les armes de la maison de la Tour : d'azur semé de fleurs de lys d'or à la tour d'argent maçonnée de sable. Autour de l'écusson on lit :

11

Dovblc de Sedan. C'est une pièce de mennaic de la principauté de Sédaii indépendante, aux xvi*' et xvn" siècles. La séance est levée à quatre heures.

Le Secrétaire,

V" d'Estaintot.

Séance du 28 février 1870. Présidence de M. l'abbé Cochet.

La séance ouvre à deux heures, dans une des salles de la Préfecture, sous la présidence de M. l'abbé Cochet.

Sont présents : MM. Morin, do Glanville, de Beaure- paire, l'abbé Lecomte, Simon, de Merval, l'abbé Colas, P. Baudry, de Girancourt, Brianchon, l'abbé Som- ménil, l'abbé Loth, le marquis de Blosseville, Gouel- lain, de Bellegarde, de Lépinois, Gosselin, Frère et le vicomte Robert d'Estaintot, secrétaire.

M. de Linas a été invité par M. le Président à assister à la séance.

M. Gueronlt, absent, s'est fait excuser de ne pou- voir y assister.

Le procès- verbal de la séance du 18 décembre est lu par M. Brianchon et adopté. Le procès-verbal du 27 janvier 1870 est lu par le secrétaire et adopté.

La corresj)ondance imprimée comprend :

Le Bulletin de la Société archéologique de Chalenudun.

Le Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie, 1869, 3.

Le Bulletin de la Société des Antiquaires de Normandie, 1869, 2" et anrimestre.

12

Les Mémoires de la Société des Antiquaires de Nor- mandie, 27« vol., et 1"^^ livraison du 28«.

Les Mémoires de la Commission des Antiquités de la Côte-d'Or, t. vu, année i866 et 1868.

Jetons de présence. M. Simon rappelle l'observa- tion présentée à la dernière séance par un des membres de la Commission, demandant que la Commission soit admise au partage des jetons de présence que le budget attribue aux Commissions départementales.

Droit de présentation. MM. Simon et de Merval appellent également l'attention sur l'ancien règlement de la Commission qui l'investissait du droit de pro- poser à M. le Préfet les membres à nommer, usage qui aurait été observé jusqu'à la nomination de M. Darcel.

M. P. Baudry offre à la Commission, pour son por- tefeuille, un dessin de M. Merlin, représentant l'église de Rançon et son abside circulaire.

Des remercîments lui sont adressés.

M. Frère, nouveau membre. M. le Président signale ensuite la présence de M. Ed. Frère au sein de la Commission. Il salue en lui le digne successeur de M. Pottier, et insiste sur ses travaux bibliographiques qui ont porté son nom bien au-delà des limites de la Normandie. Il compte sur lui pour nous donner bientôt les catalogues si désirés de la Bibliothèque publique, et se félicite de voir un bibliographe venir prendre place au sein de la Commission.

M. Frère remercie M. le Président de ce bienveillant accueil ; il ne sépare pas les membres de la Commis- sion dans l'expression des remercîments qu'il a déjà adressés à M. le Préfet ; il fera tous ses efforts pour suppléer au vide créé dans les rangs de la Commission par la perte de M. de la Quérière.

M. l'abbé Cochet dépose sur le bureau, pour le por- tefeuille de la Commission, la copie du procès-verbal de la déposition du cœur de Richard Cœur-de-Lion.

13

Rouen. Monnnaie gauloise en or. M. Tabbé Cochet a soumis à M. Huclier, du Mans, la monnaie gauloise en or trouvée sur le territoire de Rouen, dont l'avers présente une tête chevelue, et le revers deux chevaux attelés. M. Hucher l'attribue aux Unelli ou aux Bajocasses ; il a reproduit un spécimen ana- logue dans son Art Gaulois, planche 100, 2. Peut- être cependant pourrait-elle appartenir aux Vélo- casses.

Le Manoir, près Pont-de-V Arche. Cimetière gaulois. Sur le territoire du Manoir, près Pont-de-l'Arche, on a récemment trouvé des vases gaulois et des épées en fer ployées. Elles provenaient, sans aucun doute, d'un cimetière gaulois, semblable à ceux du Vaudreuil et de Caudebec-lès-Elbeuf.

Rouen. Collège de Darnétal. Vases romains. Rue Saint-Nicolas, dans les fouilles du collège de Darnétal, M. Billiard, aide-conservateur du Musée d'antiquités, a recueilli des vases romains, en terre rouge et grise, qui figurent aujourd'hui dans la collection départe- mentale.

Braquemont. Monnaies de bronze, à Puys. Le Musée de Dieppe vient de s'enrichir d'une monnaie de bronze d'Adrien, trouvée par un cantonnier au hameau de Puys, près Braquemont.

Quincampoix. M. le docteur Gueroult a fait part à M. l'abbé Cochet de plusieurs découvertes de monnaies de bronze du haut-empire : un Claude et un Domitien, grand bronze, à fleur de coin, provenant de la forêt de Quincampoix, et un bronze de Néron, un autre d'Auguste et d'Agrippa, trouvés aux environs du phare de Fatouville, près d'Honfleur ; ils ont été ac- quis par notre collègue.

Etrctat. La Tour du Rivage. M. l'abbé Cochet communique ensuite les renseignements suivanls sur

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la tour de la plage d'Étretat, qui vient d'être récem- ment démolie :

« J'éprouve le besoin, dit notre confrère, d'adresser un dernier adieu à la tour d'Étretat qui, à mon très- grand regret, a été démolie l'année dernière par la nouvelle société des bains de mer, afin d'agrandir le Casino. Les directeurs parisiens de cet établissement, auxquels le génie militaire avait vendu la vieille for- teresse, n'ont trouvé rien de mieux à faire que de raser jusqu'au sol cette pierre angulaire de l'Etretat féodal, le plus ancien témoin de son histoire. On eût pu uti- liser l'ancien monument et le faire entrer dans les combinaisons du nouvel et spacieux établissement que l'on va créer. On eût pu lui donner une plate-forme crénelée et en faire un ornement de la plage. Dans tous les cas, on eût fait une bonne œuvre en conser- vant le plus vieux monument du village après l'Eglise (Nous reproduisons ici un dessin de la tour qui vient de disparaître.)

LA TOUR D'ÉTRETAT EN 1870.

« Mais puisqu'il n'en a pas été ainsi, nous devons dire un mot de la tour qui vient de disparaître. Nous

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la croyons contemporaine de Henri IV et de Louis XIII. Elle était ;\ cette époque l'unique défense du rivage et de la vallée. La muraille littorale du moyen-age devait tomber en ruines et les retranchements en terre de 1756 n'avaient pas encore été élevés. Voici dans quels termes parle de la tour et de la plage le chevalier de Bonneval, ingénieur en chef de Granville, qui, en 1762, fut commissionné par le duc de Harcourt, pour lui ré- diger un Mémoire sur les côtes de la Normandie : (1)

« Au centre de la vallée d'Etretat, il y a une tour » en maçonnerie qui a six petites embrasures au rez- » de-chaussée. Elleest coupée par un tillac ou plancher » sur lequel on a fait un pavé de pierres de taille. On » y a laissé une écoutille pour descendre avec une » échelle dans la partie inférieure ; cette tour n'a que » 21 pieds de diamètre dans œuvre; les murs n'ont » que 3 pieds d'épaisseur. Elle est de trop peu de res- » sources et sujette à inconvénient. »

« Aussi, l'ingénieur propose-t-il d'en faire un simple ravelin destiné à protéger un fort en terre qui serait élevé derrière et l'on pourrait loger cent hommes.

LA TOUR D'ETRETAT EN 1789.

» Ce projet n'eut aucune suite et la tour est restée la même jusqu'en 1789. Nous en possédons une vue cavalière d'après un plan du temps. Ce plan n'est autre que le Terrier d'Etretat, <lressé en 1789, pour Messirc René de Blamanoir, seigneur de Fréfossé, et

l'i) Ce mémoire manuscrit, adressé au gouverneur de la Nor- mandie, se voit aux archives départementales de la Soinc-Infé- rienrc.

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encore aujourd'hui déposé au château du Tilleul. Ce Terrier avait été rédigé à cause du fief du Camelet qui se trouvait à Etretat. Dans ce plan, on voit une tour circulaire sans toit et avec plate-forme pour une bat- terie. (Nous en donnons une copie fidèle à la page 15.) » Ce système de tours, que les batteries en terre ont remplacé sous la République et l'Empire, était général dans les trois derniers siècles sur tout le littoral de la Haute-Normandie.

» Le Havre avait, à l'entrée de son port, les tours du Vidame et de François I" ; Fécamp et Saint- Valéry en possédaient d'analogues. Le Hâble de Dieppe était protégé par la Tour-aux-Crabes et la Bastille du Pollet. Harfleur nous a laissé voir, en 1839, les fonde- ments de sa vieille tour des Galères, et l'on y reconnaît encore la grande et la petite tour du Pont-aux-Chaînes. Les galets des bouches de l'Yère n'empêchent pas de reconnaître à Criel la base circulaire de tours existant sous Louis XIV. La plage de Dieppe a gardé jusqu'en 1853, les trois tours élevées en 1744, pour asseoir les batteries du rivage. Ce système de tours circulaires, échelonnant les rivages de la mer, se retrouve sur les rochers de la Bretagne armoricaine et jusque sur les côtes reculées du golfe de Gascogne. L'idée, vieille comme le monde, paraît même avoir traversé la mer et être passée jusqu'en Angleterre ; car, dans la vaste baie de Pevensey, nous avons compté plus de trente tours rondes placées à un kilomètre de distance pour défendre la plage contre une nouvelle descente des fils de Guillaume-le-Conquérant. »

Saint-Georges-ds-fioscher'cille. Dégagement de V église. M. le Président annonce ensuite à la Commission l'heureuse issue des négociations entreprises pour dé- gager la nef de l'église de Saint-Georges-de-Boscher- ville, des bâtiments ruraux qui s'y trouvaient adossés du côté nord. Moyennant une somme de 1,500 fr. ver-

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sée au propriétaire voisin, ce dernier s'est engagé à supprimer les écuries qui avaient été installées dans l'ancien cloître des religieux. L'église a été complète- ment dégagée, et cette suppression produit le meilleur effet pour l'édifice d'abord et pour la salle capitulaire ensuite.

Malheureusement le dégagement de l'église est loin d'être complet ; à l'est et au midi des jardins s'étendent jusqu'à l'église et fixent leurs espaliers sur ses vieux murs romans.

Blangy. Restauration d'un bas-relief et d'une ins- cription du XV^ siècle. M. l'abbé Cochet vient de faire restaurer à Dieppe, par le sculpteur Caulier, un bas-relief portant une inscription funéraire etobituaire, et il l'a replacé dans l'église de Blangy. Ce bas-relief, du XV'' siècle, représente la sainte Vierge assise et te- nant l'enfant Jésus ; devant elle est agenouillé un cha- noine vêtu d'un surplis et portant sur le bras l'aumusse canoniale. Ce chanoine était curé de Blangy ainsi que le prouve l'inscription suivante placée au-dessous :

Chy devat git frère Ricart (Masquerel?) en so vivat curé des églises de Blagi lequel p. licèce de so prélat, abbé et convet foda appetuitc chun samedi de la semaine le respondz gaude Maria avec

le vers et la proze Iviolata et bont post ptu (1) et lorison

famulorum après de profodis inclina et (idcUu qui se dira apz vespz p le cure ou chapelai et n. oITans et sot tenus le maire et

mairgliziers le tout fere dire et aisi q dit et le servise

jousle lez (chartes ou contrats?) et la some de larget reçu, et tspa mil cccc un xx et vu le xxviiie jo de auril.

L'inscription a été déchiffrée avec l'aide de M. le curé de Martin-Église.

Cette sculpture est aujourd'hui replacée dans l'église de Blangy.

M. de Merval a trouvé Guichard de Masquerel, pres-

(1) Parlum.

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tre, quatrième fils de Jean de Masquerel, chev. s*" d'Herraanville, et de Jaqueline de Longroy. Led. Jean vivant en 1458 et 1470.

M. de Linas observe que la position de l'aumusse (sur le bras) indique que le chanoine était mort après Pâques.

Saint- Victor-V Abbaye. Inscription tumulaire du frère de l'abbé Terrisse. M. l'abbé Cochet vient de faire restaurer, autour de l'église de Saint-Victor-l'Ab- baye, l'inscription tumulaire d'un frère de l'abbé Ter- risse, décédé à Saint- Victor pendant que celui-ci était titulaire de l'abbaye.

Cette pierre a été enlevée, en 1867, lorsqu'on a fait le pavage du chœur ; elle avait été placée en dehors de l'église dans le cimetière, entourée d'un encastrement de brique.

Voici l'inscription :

Cy gist

Messire Pierre Joseph

Christophe Terrisse

écuyer, décédé en

l'abbaye de ce lieu

le 8 septembre 1737.

Priez Dieu pour lui.

M. l'abbé Cochet a fait rétablir au haut de l'ins- cription les armes des Terrisse qui lui ont été indi- quées par M. des Guerrots.

Cette restauration a été opérée aux frais de M. Le- gentil, maire de Saint-Victor.

Cottévrard. Dalles tumulaires des Marcdargent. Notre collègue a fait également encastrer dans l'église de Cottévrard deux fragments de dalles tumulaires, du xiv^ siècle, appartenant à la famille Marcdargent.

Fresquienne. Classe'nent du clocher. M. le Pré- sident annonce le classement de l'intéressant clocher de Fresquienne, qui date de 1577, au nombre des

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monuments historiques de troisième classe. L'arrêté porte la date du 26 janvier dernier.

Fécamp. Chapelle de la Sainte-Vierge. M. Charles Huet a envoyé à M. l'abbé Cochet le dessin exact, au dixième, d'une baie du xiii® siècle par lui découverte en enlevant le crépi intérieur du côté sud de la chapelle de la Vierge, sur la côte de Fécamp. A l'extérieur se trouvait, paraît-il, une ouverture semblable.

Elle est ornée, à l'intérieur, de deux colonnettes dont le fût a 0,09 de diamètre et 0,87 de hauteur totale avec le chapiteau. Elles sont surmontées d'une arma- ture trilobée de 0,50 de haut.

La profondeur de la baie est de 0,50, et à mi-hauteur se trouve un cordon de pierre, faisant saillie, de 0,15.

En travaillant au mur nord, M. Huet avait également remarqué à 1 mètre de hauteur du sol, à l'intérieur, une excavation de 1 mètre de long sur 0,70 de haut et 0,50 de profondeur, dans laquelle se trouvaient des os détachés et un fragment de mâchoire auquel adhéraient encore des dents.

M. l'abbé Cochet annonce à la Commission que les monnaies de Théodebert, qu'il lui a soumises dans une de ses précédentes séances, vont être gravées par la Société des Antiquaires de France.

Il remet, pour le portefeuille de la Commission, le plan des fouilles exécutées à la Sallandrière, dans la forêt d'Eawy. Ce plan a été dressé par M. Ternisien, agent-voyer du canton de Saint-Saëns.

Renseignements sur la faïence de Rouen. M. de Linas fournit quelques explications sur les relations directes qui existent entre les fabriques de faïence de Rouen et celles créées à Dunkerque, en 1741, puis à Saint-Omer quelques années plus tard. Cette fabrication paraît avoir été surtout dirigée par un sieur .lacquos-Adrien Levesque, qui ligure avec la (jualité d'habile peintre faïencier de l'école de Rouen.

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M. Gouellain ajoute qu'un Adrien Levesque est cité dans l'ouvrage de M. Pottier, et qu'il tenta à Dangu la création d'une fabrique de faïence qui ne réussit pas et produisit néanmoins de belles choses.

Vraiville (Eure). M. Gosselin fait passer sous les yeux de la Comnpission une lampe en bronze à quatre becs, trouvée à Vraiville près Louviers, et une cuiller en bronze. Ces deux objets sont attribués au Moyen-Age.

Blangy. Intaille. M. de Girancourt soumet une intaille en verre bleu, trouvée à Blangy, ou aux envi- rons ; il la croit de la Renaissance.

M. Gouellain observe que des objets semblables se fabriquent actuellement à Kome, et s'y vendent au prix de 50 centimes.

M. de Bellegarde présente une jolie petite Vierge en ivoire tenant l'enfant Jésus et placée sous on dais. Ce charmant spécimen de l'art du xiv« siècle, est vivement apprécié.

M. Gouellain a trouvé dans les fouilles du couvent de Sainte-Claire, à Saint-Hilaire, un fragment de plat à pûtes incrustées, du xv^ siècle, et une petite figurine en terre émaillée de vert, de la Renaissance.

Inscription hébraïque de D'hiban. M. l'abbé Cochet résume ensuite les intéressants détails de l'une des dernières séances de l'Académie des Inscriptions, à laquelle il assistait. 11 s'agissait d'une rareté épigra- phique, d'une inscription conservée sur une stèle de grès noir, trouvée à D'hiban, près la mer Morte. Cette stèle a été depuis brisée par les tribus arabes qui se préoccupaient de l'intérêt dont le monde savant com- mençait à l'entourer. Mais l'inscription relevée, avant cet acte de vandalisme, par le consul français de Jéru- salem, M. Clermont-Ganneau, a pu être conservée. Composée en caractèi'es phéniciens, c'est le seul mo- nument, contemporain de la Bible, qui permette d'en contrôler et d'en vérifier le témoignage. Ce monument,

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élevé par Mésa, roi de Moab, dans le pays de Moab, rapporte des faits retracés au 4'' Livre des Rois, ch. ii et m, et au Livre des Paralipomènes. Sa date peut être reportée i\ l'an 896 avant Jésus-Christ.

M. Renan le considère comme la plus curieuse dé- couverte faite de nos jours.

La séance est levée à quatre heures.

Le Secrétaire,

V"^ d'Estaintot.

Séance du 7 avril 1870. Présidence de M. l'abbé Cocuet.

La séance s'ouvre à deux heures et demie, dans une des salles de la Préfecture, sous la présidence de M. l'abbé Cochet, vice-président.

Sont présents : MM. de Glan ville, de la Londe, de Beaurepaire, de Merval, Grandin, d'Estaintot, l'abbé Colas, Paul Baudry, Brianchon, Gouellain, marquis de Blosseville, Thaurin, docteur Gueroult, l'abbé Jeuf- frain, de Lépinois et l'abbé Loth.

Se sont fait excuser : MM. de Girancourt et Gossclin.

M. d'Estaintot lit le procès-verbal de la séance pré- cédente, qui est adopté.

La Commission a reçu, dans le courant de mars, les ouvrages suivants :

Publications de la Société historique de l'Institut de Luxembourg (ci-devant Société archéologique du Grand- Duché), vol. XXIV, Luxembourg, 1869 ;

Mémoires de la Société archéologique de l'Orléanais, t. II, atlas, 1868;

Collégiale de Saint-Quentin, par Pierre Beisard, 1867;

Le Tombeau de Mausole, par Ch. Rœssler, Paris, 1870;

Comples-rcndus de la Société française de Numis- matique et d'Archéologie, t. ii, année 1870 ;

Mémoires de la Société archéologique de Rambouillet.

M. Thaurin fait hommage, à la Commission, d'un numéro du Journal de Rouen se trouve un de ses articles sur des antiquités locales.

M. l'abbé Loth offre un dessin de la pierre tumulaire des trois jeunes cavaliers natifs de Rouen, condamnés à mort par le tribunal des Andelis, et inhumés à la ca- thédrale de Rouen, près la chapelle dite des Innocents.

Lillebonne. Découverte d'une belle Mosaïque. M. l'abbé Cochet fait part à la Commission de la dé- couverte de l'importante mosaïque de Lillebonne, et pendant près d'une heure la tient sous le charme de cette communication dont nous allons essayer de re- produire les détails principaux :

Dans les premiers jours du mois de mars 1870, un cafetier de Lillebonne, le sieur Fagot, défonçait une cour pour en faire un jardin, lorsqu'à 60 centimètres du sol, il rencontra, à son grand étonnement, un pavage antique qui arrêta court sa pioche. Il ap- pela sur le champ le propriétaire du terrain, M. le docteur Pigné, maire de Lillebonne, et M. Bataille, pharmacien, qui reconnurent dans ce pavage une véritable et magnifique mosaïque. M. Cochet, averti presqu'aussitôt. n'eut rien de plus pressé que de se transporter à Lillebonne pour apprécier une décou- verte qui déjà faisait bruit. Il ne se contenta pas d'un premier examen, il retourna plusieurs fois à ce riche monument et put, après l'avoir découvert et analysé dans son entier, se rendre un compte exact de l'en- semble et des moindres détails.

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Située dans le quartier Saint-Denis, sur un terrain ou s'éleva jadis l'ancien hôpital, entre les routes du Havre et de Bolbec, cette mosaïque se trouve au milieu de jardins et isolée de tout bâtiment.

Elle mesure 8 mètres 56 centimètres dans sa plus grande longueur, qui est orientée de l'est à l'ouest ; sa largeur est de 6 mètres 80 centimètres. On y voit deux parties distinctes : un péristyle placé dans la direction de l'est, ornementé par des cercles noirs enchevêtrés les uns dans les autres, sur un fond blanc, et imitant assez bien les croix de consécration de nos églises du Moyen-Age. Cette portion peut avoir 6 mètres 70 de long sur 2 mètres 25 de large, tandis que la partie consacrée aux sujets allégoriques forme un carré de 5 mètres 80 de longueur sur 5 mètres 60 de largeur.

Il est important de faire remarquer, avant de passer à la description de ce précieux pavage, qu'il était ren- fermé dans des murs épais de 60 centimètres, mais qui ne s'élèvent guère aujourd'hui qu'à 25 centimètres. L'examen de ces murs a prouvé au savant archéologue qu'ils étaient recouverts de peintures et de crépis co- loriés ; il a même trouvé, dans les débris, des fragments de plaques de marbre qui ont décorer le monument disparu.

On doit attribuer à un incendie la ruine de l'édifice qui abritait la mosaïque. Les tuiles à rebord, les faî- tières, les clous même de la toiture, la couche noire et charbonnée d'une notable épaisseur qui la recou- vi'aient ne peuvent laisser de doute sur ce point.

M. Cochet a interrogé tous ces débris et il y a trouvé plusieurs statuettes votives, noircies par leur séjour séculaire