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SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE
DE NANTES
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE
DE NANTES
ET DU DÉPARTEMENT DE LA LOIRE-INFERIEURE
Année 1904 TOME QUARANTE-CINQUIÈME
W Semestre
NANTES
BUREAUX DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE 19 0 4
NOTE
Les études insérées dans le Bulletin de la Soeiété Archéolo- gique de Nantes et de la Loire-Inférieure sont publiées sous l'entière responsabilité des auteurs.
7>œQenYCEMTER
BUREAU
i)i<: LA
SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE DE NANTES
ET DE LA LOIRE-INFÉRIEURE
MM. LÉON MAITRE, 0. I. Ç|
le baron Ciiristian de AVISMES Algide DORTEL, 0. I. y
Joseph SENOT de la LONDE Paul de BERTHOU
le baron Gaétan de WISMES Henri GOUSSET
EDOUARD PIED, 0. I. Q
Raymond POUVREAU
Paul SOULLARD Joseph HOUDET
Président.
^ Vice-président.«;.
. Secrétaires généraux.
Secrétaires du Comité.
Trésorier. Trésorier-adjoint.
' Bibliothécaires- ) archivistes.
COMITE CENTRAT MEMBRES A VIE
Anciens Présidents (1)
MM. le marquis de BREMOND d'ARS MIGRÉ, î|^ (1884-1886 et 1899-1901). Henri LE MEIGNEN, 0. A. Q (1887-1889 et 1896-1898).
MEMBRES ÉLUS
MM. René BLANCHARD, 0. A. ^ l'abbé BRAULT TRÉMANT
Sortants en 1904.
CHAILLOU, 0. I. Q
LEROUX
Claude de MONTI de REZÉ
le chanoine ALLARD l'abbé DURVILLE de VEILLECHÉZE
I
Sortants en 1905.
Sortants en 1906.
(1) Les autres présidents de la Société ont été : MM. Nau (1845-1862), t 4 juillet 1865; — le vicomte Sioch'an de Kersabiec (1868-1868), t 28 novembre 1897; — le chanoine Cahour, 0. A. j^ (1869-187i), t7 septembre 1901; — l'intendant Galles, 0. '^ (1872-1874), fil août 1891 ; — Marionneau, ^, 0. 1. i^ (1875-1877), flS septembre 1896; — le baron de Wismes (1878-1880), f 5 janvier 1887, — le vicomte de LA Laurencie. * (1881-1883); - le marquis de Dion, ^ (1890-1892), t 26 avril 1901 ; — DE LA Nicollière-Teijeiro, 0. A. || (1893-1895), t 17 juin 1900.
EXTRAITS
IDes p>rocès--ve3rt>au.x; des JSéarxces
-t>t,^ï)J«J>»'3-
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SOCIETE ARCHEOLOGIQUE
DE LA LOIRE-INFÉRIEURE
Hôtel Dobrée
SÉANCE DU MARDI 12 JANVIER 1904
Présidence de M. Léon Maître, président
Etaient présents : MM. l'abbé Brault, Chaillou, Charon, DoRTEL, Roger Grand, Guichard, Houdet, Lagrée, Alcide Leroux, Lesage, l'abbé Lesimple, l'abbé Marbeuf, Pied, Révérend, Ringeval, de Sécillon, Senot de la Londe, Soullard, de Veillechèze, barons Chr. de Wismes et Gaétan de Wismes.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté après une légère rectification de M. Soullard.
M. LE DOCTEUR Plantard, présenté par MM. Bonet et Charon, est admis en qualité de membre titulaire.
M. LE Président, qui a transmis à M"cs Seidler les condo- léances de la Société à l'occasion de la mort de leur regretté père, donne lecture de la réponse émue qu'il en a reçue.
M. LE BARON DE WiSMES Communiqué une lettre par laquelle M. de Brémond d'Ars, notre ancien Président, nous invite à adhérer à la souscription que viennent d'ouvrir les
Soc. Archéol. Nantes. A
notabilités les plus distinguées delà Snintongeen vue d'élever un monument à la mémoire de Louis Audiat, l'éminent arcliéologue mort Tannée dernière. La (|uestion sera soumise au Comité qui statuera sur la demande de souseription dans sa prochaine séance.
M. LE BARON DÉ WiSMHS, qui a eu la bonne fortune de découvrir à la Biblothécjue publique de Nantes un niamiscril inédit de ihisloricn (^hcvas sur Sainte-Marie, donne lecture de ses principaux extraits qu'il accompagne de commen- taires. L'auteur, après avoir fait la description géographique du pays et donné d'intéressants renseignements sur la popu- lation, l'agriculture, le conmierce, les finances et l'instruc- tion, conte de piquantes anecdotes sur les traditions et les superstitions encore en honneur à l'époque où il écrit. La croyance aux sorciers et aux fées était encore très répandue en 1843, et les habitants de la cote attribuaient à leurs méléfices les événeinenls malheureux, accidents ou maladies, (|ui survenaient dans la contrée. Un chapitre sj^écial est consacré à l'ancienne église, dont les chapiteaux intérieurs et l'une des portes latérales présentaient de curieux détails de l'architecture du xiu' siècle, avec ])ersonnages et animaux symboliques. M. de Wismes décrit également , d'après Chevas, la fameuse pierre tomlnile dn Croisé qui, longtemps abandonnée aux injures du teni|)s dans l'ancien cimetière, a été pieusement recueillie et heureusement installée à demeure dans l'église par M. l'abbé Boulas, le dévoué curé de Sainte- Marie. L'identification du i)ersonnage sculpté ne fait plus doute depuis que M. Maître a pu reconstituer l'inscription gothique qui l'entoure, et le monument, au sujet duquel ont été émises tant d'opinions , représente Guillaume des Bretéches, seigneur de Saint-Viaud, qui prit part à la dernière croisade de saint Louis et vivait encore en 1288. La pUuiue de marbre, \\\qc à la base du tombeau par les soins éclairés de M. l'abbé Boulas, assigne à l'œuvre elle-même la date du XIV siècle, et cette attribution, justifiée i)ar certains détails, a été établie sans conteste pai- M. \allel, notre collègue, l'éminent statuaire nantais.
La seconde partie de cette intércssanlc étude, plus spécia- lement consacrée à l'histoire de l'abbaye de Sainte-Marie, scia lue à la prociiaiiic séance.
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M. Senot de la Londe rend compte du résultat de ses recherches sur les origines historiques de la châtellenie de Thouaré. L'ancien fief des évêques de Nantes eut-il pour berceau, comme inclinerait à le penser son nom de Tauriaciim mentionné dans les anciennes chartes, un établissement romain à l'époque de la conquête ? Peut-être serait-il témé- raire de l'atlirmer. Mais ce qui paraît certain, c'est que dès les ixe ou X'" siècles une agglomération importante se forma et se développa autour de la « Motte féodale » dont le nom a subsisté dans tous les titres jusqu'à la fin du xviiie siècle.
En 1254, Guillaume de Thouaré était possesseur de ce domaine, et en 1378 il appartenait à Jeanne d'Ucé, épouse de Briand de Montjcan. Il passe ensuite aux d'Elbiest qui le conservent durant deux siècles. Thouaré devient alors un fief important « avec son manoir seigneurial, ses jardins, vergers, courtilz, bois, métairies, fuyes, garennes, mollins à eau et à vent, prés, terres arables, droit de pêcherie, chaussée et écluse sur la Loire, et partie de l'île de Redressay ou du Haut-Bois ». Ses droits s'étendent sur le port et passage de la Chebuette de l'autre côté du fleuve, ainsi que sur toutes les marchandises qui sont conduites par eau. D'ailleurs, il fait partie du temporel de l'évèque, et ses seigneurs doivent à leur suzerain le devoir de foi et hommage imposé au vassal.
Au commencement du xvie siècle le mariage de Marguerite d'Elbiest le fait passer dans la maison de Saint-Amadour ; puis l'alliance d'une dame de ce nom avec Charles de Bre- tagne, comte de Vertus et baron d'Avaugour, le fait entrer dans le domaine de la branche cadette de nos Ducs. En 1633, Pierre d'Escoubleau, marquis de Sourdis et mari d'Antoinette de Bretagne, en devient possesseur ; sa fille Anne le vend en 1667 à Anne Descartes, veuve de Louis d'Avaugour et sœur du grand philosophe. Enfin, Joseph Mosnier, seigneur de la Valtière et conseiller à la Chambre des Comptes de Nantes, l'acquiert au commencement du xviiie siècle et le garde dans sa famille jusqu'en 1865.
Les seigneurs de Thouaré paraissent avoir subi d'assez mauvaise grâce la suzeraineté de l'Evêque, et la plupart des aveux conservés aux Archives prouvent qu'en maintes occa- sions ils cherchèrent à s'v soustraire. Plusieurs de ces titres
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relatent en ellet la destruction des piliers de haute justice élevés sur leurs terres au mépris de la juridiction épiscopale. En 1455, le refus d'hommage de Jean d'Elbiest à Guillaume de Malestroit engendra même un démêlé d'où faillit sortir la guerre entre (>liarles VII et le duc Pierre II. Arrêté pour forfaiture et jeté dans les prisons de rOflicialité, le vassal rebelle fit appel au Roi de la sentence (jui le condamnait à lO.OOU écus tl'aniende et prononçait contre lui et les siens la peine de l'exconinninication. (^larlcs VII évoqua l'allaire au Parlement de Paris qui, cassant le premier arrêt, déclara l'Kvêcpie rebelle el lui inlligea 2().()00 livres de dépens. Aussitôt, ("iui!lauMK' se pourvoit en Cour de Home, et le duc Pierre, furieux (piun de ses sujets ait osé recourir à la justice du Roi, menace celui-ci. Enfin le Pape met fin au débat et accoide les parties : l'arrêt du Parlement est annulé, et l'infortuné d'Elbiest, relevé jnu- l'archevêque de Tours des censures jiortées contre lui, reçoit .'i.OOO écus de dédomma- gement.
En 1565, (Miarles IX, après avoir passé la Loire en bateau au port de la Chebuelle, i s'arrêta, dit son chroniqueur Abel )> Jouan, à Tiioarct, qui est un joli petit cliasteau, et y disna, » puis s'en vint prendre son chemin tout du long des grandes » prairies de Nantes, qui sont fort belles ».
Les Arciiives mentionnent l'existence de nombreuses dîmes appartenant au Chapili'e de la Catliédrale sur la paroisse de Thouaré, et divers titres établissent la fondation, par les d'I-'lbiest, d'une chaj)ellenie dite de Saint-.Iean, à Saint-Pierre.
M. l'abbé Mahhkif donne ensuite lecture i\\\n mémoire à la forme littéraire inq)eccal)le, tpii retrace avec fidélité r histoire de l'Ecole normale eeelésiosliqae des Ihtides-Eludes . Née de l'initiative généreuse el féconde de Mt;' l'ouniier et fondée au lendemain de nos désaslies à (piel((ues pas du Petit-Séminaire, dans l'ancienne |)r<)priété de M^'' de la Per- venciiére dont elle gar la le nom, l'Iù'ole des Hautes-Etudes avait p; ur but de (lévelopj)er dans le jeune clergé les apti- tudes |)édagogi(|ues, de donner aux ])rêtres appelés à l'ensei- gnement la foiiuation spéciale qu'exige le |)rofcssorat, et de les préparera l'obtention des grades universitaires. M. l'abbé Rouëdron, dont la vie avait été justpi'alors consacrée ix l'éducation, lui placé à sa tête; un es|)iit droit, un jugement
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sûr, une critique toujours saine et avisée le désignaient entre tous à ce poste difTicile. Sous son active impulsion, l'œuvre grandit et prospéra et bientôt la brillante pléiade littéraire sortie de cette maison alla répandre dans les établissements d'instruction du diocèse un lustre nouveau sur l'enseignement libre. Son succès suscita même des fondations similaires, et l'on vit M. l'abbé Pasquier, aujourd'hui Recteur des Facultés CatlKiliques de l'Ouest, venir prendre modèle sur l'Ecole des Hautes-Etudes de Nantes pour créer à Angers l'Ecole Saint-Aubin, berceau de la future Université d'Angers. Mais bientôt celle-ci naissait à son tour ; et quelques années plus tard les progrès de son développement, la nécessité d'assurer son recrutement, obligeaient l'Ecole de la Perven- chère à fermer ses portes. En terminant, M. l'abbé Marbeuf ne peut taire ses regrets de voir sitôt disparue une œuvre qui dota le Diocèse de maîtres éminents dans l'art difficile d'enseigner. La séance est levée à six heures.
Le Secrétaire général,
J. Senot de la Londe.
SÉANCE DU MARDI 2 FÉVRIER 1904
Présidence de M. Léon Maître, Président
Etaient présents: MM. Blanchard, de Boceret, abbé Brault, de Brévedent, Chaillou, Charox, Dortel, de Freslon, Guichard, de Margues, Houdet, Lagrée, de Lauzon, Trochon de Lorière, abbé jNIarbeuf, Michel, Claude de Monti de Rezé, Yves de Monti de Rezé, Pied, PouvREAu, Révérend, Ringeval, Séchez, de Sécillon, Senot de la Londe, Soullard, Trémant, de Veillechèze, barons Ch. de Wismes et Gaétan de Wismes.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
M. Cazautet, présenté par MM. Séchez et Soullard en qualité de membre titulaire, est admis.
M. LE Président dépose sur le bureau un exemplaire des Mémoires de Lucas de la Championnière sur les guerre de la
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Vendée, offert par son petit-fils, M. Lucas de la Championnière, de Brains; et les Vues et plans du vieux Nantes, destinés à illustrer les premiers fascicules de l'ouvrage de M. l'abbé Dur- ville, offerts par l'auteur. Il remercie chacun des aimables dona- teurs ainsi que le Révérend Père de la Croix pour l'envoi de sa photographie, d'une merveilleuse exactitude de ressemblance.
M. Charon présente une collection de haches en pierre provenant de Nouméa, et appartenant à M. le commandant Lagrée. En serpentine d'une grande finesse tle grain, elles sont remarquables par leurs belles teintes et leur taille très régulière qui semble avoir été obtenue à l'aide d'un acide provenant de quelque plante du pays. M. Charon rapproche d'elles un lot de celtœ trouvées à Carnac et relève leurs points de ressemblance avec les |jreniièrcs.
M. Révérend exhibe également un fragment de tige en or très pur et très fin mesurant environ 20 centimètres de long et qui paraît avoir appartenu à une parure féminine. Cet objet a été trouvé par M. Libert, de la Roche-Bernard, à fleur de terre, près des ruines d'un ancien fort qui occupait le sommet de la colline située sur la rive choite de la Vilaine, en face de la ville, et désignée encore aujourd'hui sous le nom de la butte du fort.
M. Chaillou présente une cloche-sonnette en bronze, découverte en 1892 dans les fouilles du balneum de la villa ronuiine des (Héons, et faisant partie des collections du Musée, et la comi)are à une cloche japonaise accpiise chez un nuuchnnd d'antiquités des grands boulevards, à l'aris. L'objet ancien et son correspondant mothM-ne présentent des traits couHuuns : le métal et la forme sont idenlicpies, et leur factuie se i-a|)])roche sensiblement. Lune et l'autre ont été faites au tour, et martelées à l'intérieur afin de serrer les nu)lécules de bronze et augmenter la puissance du son. La clochette gallo-romaine, d'un liavail assez fruste, pèse 700 grammes; elle est ouverte au sonuuet, son marteau esi oxydé et le son en est beaucoup plus grave (pie ne conq)orle sf)n volume. Sa soeur d'I^xtiénu'-Orient, légèrement plus élevée, présente seulement un trou de suspension foit étroit, et son renfort est inlérieur et non extérieur. Son poids, beaucoup moindre, n'accuse (|ue 170 granunes. I\lle est revêtue d'une peinture polychrome et laquée, ornée de bandes
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circulaires de fleurs, décorée de courbes ellipsoïdes, et de grecques sur ses bords. Sa légèreté est extrême, et sa sono- rité extraordinaire donne une vibration violente et claire, très différente de l'autre.
M. Chaillou accompagne la description détaillée de ces spécimens de deux civilisations que dix-huit siècles séparent, d'intéressantes et judicieuses remarques sur l'intérêt de la méthode comparative pour l'étude de l'antiquité.
M. le Secrétaire général donne lecture des premiers chapitres d'une étude de M.I'abbé BouRDEAUTsur la paroisse et le clergé de Vieillevigne pendant la Révolution. L'auteur, après avoir retracé la physionomie des prêtres qui exerçaient à Vieillevigne le ministère ecclésiastique , fournit d'utiles renseignements sur les familles nobles, les de Goulaine» Charbonneau, le Maignan de l'Ecorce, qui l'habitaient, ainsi que sur les principaux membres de la bourgeoisie de cette époque. Il indique ensuite l'état d'esprit de la popula- tion à la veille de la convocation des Etats-Généraux. Puis il entre dans le détail des événements dont la paroisse fut le théâtre pendant la Révolution et au cours de l'insurrection vendéenne. M. Alfred Lallié, notre érudit historien, dans une lettre communiquée à la Société, rend hommage à l'excellente méthode du mémoire, et à l'esprit d'exactitude qui préside à l'exposé des faits qui y sont relatés.
M. Michel, ingénieur des travaux de la ville, rend compte du résultat des fouilles pratiquées en 1902 à l'occasion de l'établissement du nouveau réseau d'égouts dans la Grande- Rue. Dans la section comprise entre la rue de Strasbourg et la rue du Château, la tranchée a révélé l'existence de petits murs légers, attestant, sans doute possible, l'époque romaine, restes probables de clôture de jardins de villas. Plus loin, entre le Pilori et la place du (Change, apparut toute une série de piliers en briques, esj)acés régulièrement, destinés à supporter l'hypocauste d'un palais important situé à cet endroit. Près du passage Bouchaud s'étendait un large fossé, et auprès, un puits profond, donna des fragments de poterie, des seaux de bois, etc. Place du Change, plusieurs traverses de chêne et de hêtre, grossièrement équarries, ayant (h'i servir à l'établissement d'un passage à gué, furent mises à décou- vert, ainsi qu'un grand nombre de dents de sanglier. Mais
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des murs de l'enceinte romaine, signalée à cet endroit, on ne releva aucune trace. En face du bazar Sainte-Croix, les fouilles firent apparaître les vestiges de constructions anciennes, et à l'angle de la rue de la Poissonnerie, à dejix mètres de profonticur, un rocher de schiste d'une extrême dureté et à paroi très polie. Enfin des abords du pont d'Orléans partaient trois chaussées pavées.
La trouvaille la plus intéressante est celle d'un vase intact en pierre noire orné dans sa [)artie médiane d'une bande circulaire de guillochures d'un joli dessin. Sa facture accuse la fin de la période gallo-romaine, ou effleure l'âge mérovingien. On a également découvert quelques haches celtiques brisées, des pièces de monnaie à l'efTigie de Vcspasien, et une stèle dont l'inscription elfacée n'ofire plus, à côté du croissant de Diane, que les mots : et memoriœ. Tous ces objets ont été déposés dans la cour de l'hôtel de Briord avant d'aller prendre |)lace au Musée.
M. le Baron de Wismes continue la lecture du manuscrit de l'historien Chevas sur les origines religieuses de Sainte- Marie. D'après l'écrivain, la fondation de ce centre chrétien et l'érection de sa primitive église doivent être attribuées à une colonie de moines qu'aurait laissés sur la côte saint Phil- bert, au moment de s'embarquer pour Noirmoutier. La découverte de plusieurs sarcophages coquilliers, de l'époque mérovingienne, aux environs des Grandes-Vallées, lors de l'ouverture de la route de Pornic en 185."), atteste en tout cas la haute anti([uité religieuse de Sainte-Marie. Au xr' siècle les moines de Saint-Sauveur de Redon y fondaient un prieuré, (jui grâce aux riches dotations de Glévian coude de Bécon, cl de l'évèque de Nantes, ne larda pas à devenir llo- rissant. A la suite d'une période troublée, les chanoines réguliers de Saint-Augustin succédèrent au xii'' siècle aux liénédictins, et conservèrent ce bénélice pendant de longs siècles. La l)elle fuie ((ui subsiste est le seul vestige de l'anli(pie demeure abbatiale. Ghevas relève la liste de tous les Abbés, et donne l'étal des rentes dont le prieuré jouis- sait dans la contrée.
La séance est levée à six heures.
Le Secrétaire général,
.L Senot de la Londe.
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SÉANCE DU MARDI i^-^ MARS 1904
Présidence de M. le baron de Wismes, Vice-Président
Etaient présents : MM. Blanchard, abbé Brault, de Bré- vÉDENT, Cazautet, (".haillou, Charon , DoRTEL , Henrj^ Gousset, Roger Grand, Guichard, Lagrée, Lerolx, Claude
DE MONTI DE ReZÉ, PiED, RÉVÉREND, RiNGEVAL, SeNOT DE LA LONDE, P. SOULLARD, TrOCHON DE LORIÈRE, DE VeILLE-
CHÈZE et baron G. de Wismes.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté, après une observation de M. Chaillou ([ui établit, d'après le bel ouvrage de M. Caillère, le Trésor de l'Armorique, que la tige en or, présentée par M. Révérend dépendait d'une cein- ture plutôt que d'un collier de femme.
M. ViGNARD, présenté par MM. Léon Maître et Roger Grand, est admis en qualité de niend)re titulaire de la Société.
Lecture est donnée de la lettre de démission de M. Palva- deau.
M. LE Président dépose sur le bureau une brochure qui traite de découvertes confirmant un àye de cuivre en Armo- rique, et remercie l'auteur, M. i\u Ghatellier, au nom de la Société. Il annonce ensuite que les ouvriers occupés à la démolition de l'ancienne église des Jacobins, rue de Stras- bourg, viennent de mettre à jour un cercueil en plomb au milieu du chœur. Le propriétaire, M. Drouin, a lait innné- diatement procéder à son ouverture en présence de plusieurs membres de notre Société, qui ont soumis à l'examen des médecins le squelette qu'il renfermait. On se demande si ces restes ne seraient pas ceux de Simon de Langres élu évéque de Nantes en 1365, et qui mourut en 1384 au couvent des Frères Prêcheurs de notre ville après avoir résigné l'Epis- copat.
M. l'arbé Brault expose les raisons qui l'inclinent à dou- ter quant à présent de l'identification proposée. Albert le Grand et Travers attestent bien que le Prélat fut inhumé aux Jacobins, mais l'emplacement que le premier assigne à son
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enfeu ne correspond pas à la position du caveau. Le cercueil ne paraît porter aucune inscription, et la bière n'a révélé l'existence d'aucun vestige d'ornement ou d'insigne ponti- fical. Peut-être l'achèvement des Touilles permettra-t-il de conclure? Mais jusqu'à ce moment, et en l'absence de preuve et de document, il convient de réserver une opinion unique- ment basée sur des présomptions imjjuissantes à fonder une certitude. L'échange d'observations auquel donnent lieu les réflexions de M. l'abbé Brault indique que son avis répond au sentiment de la majorité des membies de la Société.
M. SoL'LLARD communique le sceau d'une belle frappe de Renée d'Aunay, cousine de .loachim du Bellay, et qui fut abbesse d'Estival vers le milieu du xvr siècle.
M. Le baron dk Wismes termine la lectuie du manuscrit de Chevas sur l'Abbaye et la Paroisse de Sainte-Marie, et y joint d'intéressants conmientaires. Dans cette dernière ])ar- tie l'auteur étudie les transformations successives que subit le pays depuis la Révolution et nous initie aux détails de son histoire juscju'en 1840. Organisée en conmuine en 1790, et menacée du |)artage de son territoire alors considérable, au profit du CA'ion et de Pornic, Sainte-Marie comptait alors l.'iOO habitants. Privée de curé à la suite des persécutions d'alors, son église fut spoliée en \~9'A de ses vases sacrés et de tous les objets du culte (|ue la niuiiici|Kdité dut envoyer au Dislrict. Son nom devenu suspect fut changé en celui de la Hoche-Pelletier, dénominalion empruntée à un point de la côte. Pour la proléger contre les atlaciues et le pillage des bandes armées (|ui guerroyaient aux alentours, divers postes furent créés et vnw garnison perm;uiente établie à Chauve. I!n 17!)."), les habitants (|ui avaient à maintes repiises réclamé le l'établissement du culte, obtinrent enfin (pie l'église rouvrit ses portes. La jjopulation jus(|ue-là très pauvre, put alors s'adonniT en loiite sécuiilé aux travaux agricoles, ([lu' favo- risa, en 1.s;{|, l'inslitulion du comité des Marais de Haute- Perche. Amputée, en IS.'iO, d'une fraction de son territoire en faveur de Pornic, Sainte-Marie à partir de 1840 a bénéficié du développement de sa station balnéaire, et sa pros|)érité depuis celte épocpie a sans cesse élé grandissante.
M. Le Secrétaiic général communi(|U(' des extraits du tra- vail de M. rAHHl'; HoruDMAii/r sur la paroisse et le eler<jé de
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Vieillevigne pendant la Révolution. Dans cette consciencieuse étude l'auteur expose longuement les difficultés et les troubles qui résultèrent de l'installation des curés assef-mentés à la place du clergé demeuré fidèle à l'Eglise.
Sous ce titre Vile du Met et le combat de ili)H, M. de Boceret a recuilli un intéressant épisode d'histoire dont notre cote fut le théâtre. Le 14 septembre de cette année, trois vaisseaux anglais qui gardaient l'entrée de la Vilaine, vinrent s'embos- ser en face Piriac à la hauteur de l'île du Met que défendait une petite garnison de cinquante miliciens sous le comman- dement du capitaine Franval. Après une vigoureuse canon- nade à laquelle le jietit fort ne répondit que faiblement, le pavillon de France fut amené, et l'ennemi prit possession de l'île. Le fort n'avait pas soufïert et l'auteur de la lettre, M. Branchu, de Guérande, qui raconte le fait à l'un de ses parents, s'étonne justement ([u'il n'ait i)as opposé une résis- tance plus sérieuse.
M. Senot de la Loxde rend compte de l'excursion qu'il vient de faire à V Abbaye de la Chaise-Dieu (Haute-Loire). Pour y conduire, la ligne de Clermont au Puy par Ambert et Ariane, traverse une des contrées les plus pittoresques du réseau du P.-L.-M. Au sortir de la Limagne féconde, la voie ferrée s'engage dans les gorges de la Dore, que resserrent à droite et à gauche les montagnes du Livradois et du Forez, et dispute au torrent qui se tord en méandres infinis, un, passage sans cesse obstrué par des roches et des talus abrupts. Au delà d'Olliergues le défilé s'évase en vallée, où Ambert s'étale coquettement, puis se referme à mesure que l'on gravît les pentes élevées du bassin de la Loire.
L'abbaye de la Chaise-Dieu, à 1.2UU mètres d'altitude, sur un plateau froid et désolé, constamment balayé par les tour- mentes de neige, présente une masse im])osante et sévère qui s'harmonise à merveille avec la sauvage nature qui l'entoure. Son abbatiale, aujourd'hui église paroissiale, est considérée à juste titre comme le plus beau vaisseau gothique de l'Auvergne après la cathédrale de Clermont.
Fondé en 1043 par saint Robert, chanoine de Hrioude, le monastère de la Chaise-Dieu, enrichi de privilèges par les Papes et de dotations importantes par nos Rois, devint bien- tôt l'un des plus florissants du Centre. 11 compta, dit-on,
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jusqu'à trois cents moines, et ses possessions s'étendirent dans le Velay, le Vivarais et l'Auvergne. Ses cloîtres four- nirent des évèques au Puy, à (^lermont et à Lyon, et l'un de ses fils, Pierre Roger, gouverna l'Kglise au temps des Papes d'Avignon de liU'2 à 1352, sous le nom de Clément VI. Visitée par Urbain II ({ui se rendait à Clcrmont prêcher la iiremière Croisade, |)uis par Innocent II, la célèbre abbaye donna aussi l'hospitalité à François 1**'. Parmi ses abbés, il convient de citer Jacques de Saint-Nectaire, Géraud de Monclar, Charles d'Orléans, Hichelieu, .Mazarin, Henri de la Hochefoucauld, François de Lorraine, et le dernier, le Cardinal de Hohan ([ui vint expier dans sa solitude la triste part qu'il |)rit dans l'aHairc du Collier. Les Religieux raccueillii-ent, paraît-il, avec défavvur, el refusèrent <le le recevoir au cloître. Vn jour cependant on dut lui en ouviir les portes, et comme il gravissait péniblement les degrés, les moines le raillaient : « Allons, Monseigneur, du courage ! Encore un coup de collier! »
L'I^glise avec ses piliers nuissifs, ses trois nefs d'égale hau- teur, et ses lignes froides et dures, sans ornement ni sculp- ture, frappe l'observateur par son austère beauté. On retrouve là les caractères de celte architecture sobre, rigide et nue, chère aux moines du Moyen âge, et qui convenait si bien à l'esprit de moi'lilicalion el de |)rière « des graïKJs bâtisseurs » des XII'' et xiii'' siècles. La Tour Clémentine accolée à l'abside rappelle par sa couronne de créneaux el de mâchicoulis les nécessités de la déiénse. C'est là en ellèl (ju'en ir)()2, les enfants de saint Robert s'enfermèrent pendant un mois pour résister aux assauts des bandes huguenotes du Baron des Adrets.
L'd'il est malheureusemenl cluxpié dès Tenlrèe par un jubé du XVII'' siècle (pu isole le clueur des moines du reste de l'édilice et eni|)èclu' i\'vn eminasser les giaiulioses propoi- tions. Mais les merveilleuses richesses (pii le décorent ont vile elfacé celle fâcheuse inq)ression. Cent ciiupumle-six stalles dont l'admirable travail et l'inlinie variété des sujets ne peuvent être compaiés (pi'aux boiseries de la cathédrale de Sainl-Heilrand de Conuninges, prés de Luchon, gainissent l'enceinte réservée. .\u milieu s'élève le tombeau du Pape (élément \l, dont la statue de maibre blanc porte la trace des
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mutilations que les Protestants infligèrent au monument. Une hache sacrilège a brisé la figure, les mains et les pieds, et les quarante-quatre personnages rangés autour du Pontife comme une garde d'honneur, ont tous disparu.
Sur les murs sont appendus quatorze panneaux de tapis- serie de soie des F'iandrcs représentant la vie de Notre Seigneur et les scènes correspondantes de l'Ancien Testa- ment. Leur valeur dépasse trois millions. Sauvées du vanda- lisme révolutionnaire par la piété des habitants qui les enfouirent en terre, elles viennent d'être l'objet de restaura- tions importantes à la manufacture des Gobelins. L'Etat les convoite, mais les paroissiens, nous dit M. le curé, ne con- sentiront jamais à s'en dessaisir.
La principale curiosité artistique de la Chaise-Dieu est la fameuse fresque connue sous le nom de ^dnse Macabre. Elle couvre le mur de clôture du chœur (hi collatéral Nord, et se développe à deux mètres au-dessus du sol sur une longueur de 26 mètres. Soixante personnages de grandeur presque naturelle, sont entraînés dans une ronde infernale par la Mort dont le hideux squelette louche successivement un pape ceint de la tiare, un empereur couronné, un patriar- che, un chevalier, un prélat, un bourgeois, un bailli, un enfant, une châtelaine, un paysan, un page, un reli- gieux, etc., etc. Ottc composition étrange qui constitue un des plus rares et des plus curieux monuments de ce genre, ne porte ni date ni inscription. Par les détails du costume, il est permis de lui assigner pour âge le milieu du xw siècle. Les couleurs employées sont locrc jaune, l'ocre rouge, et une couleur gris sale pour les personnages et les draperies. Elle est attribuée à l'un des ai-tistes que Jacques de S'-Nec- taire ou Pierre de Chanac fit venir d'Italie pour décorer l'abbatiale.
Un monumental buffet d'orgues, supporté par d'énormes cariatides, occupe l'entrée de la grande nef. Ses boiseries de style Renaissance, d'un admirable fini d'exécution, sont l'œuvre du célèbre Coj'sevox.
Un vaste cloître où l'arceau roman se marie à l'ogive, s'étend le long du bas coté sud. Des quatre galeries qui le composaient jadis, deux seules subsistent.
L'abbatiale de la Chaise-Dieu, commencée en 1344 par
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ordre de C.lémcnt VI, coûta au Pontife 30.000 florins d'or environ 2 millions de notre monnaie. Sa construction, dirigée par Hugues Morel et Pierre de Cébazat, fut poussée avec activité et terminée en 1350. Aujourd'hui, classée au rang des monuments historiques, elle est, malgré son état de délabre- ment et d'abandon, un des édifices de l'Auvergne les plus dignes de l'attention du touriste, de l'archéologue et de l'artiste.
La Séance est levée à 6 heures
Le Secrétaire Général, J. Sexot de la Londe.
SÉANCE DU MARDI 29 MARS 1904
Présidence de M. Léon Maitue, Président
Etaient présents: MM. Blanchahd, abbé Brault, Cazautet, Chaillou, Charon, Dortel, abbé Durville, de Freslon, Henry Gousset, Roger Grand, Guichard, Alcide Leroux, Léon Maître, Port, Révérend, Sexot de la Londe, P. Soul- lard, de Veillechèze, Vigxard et baron G. de Wismes.
Le procés-vcrbal de la séance précédente est lu et adopté après une observation de M. Chaillou qui tient à faire remarquer que la définition et l'attribution de la tige d'or de M. Révérend qu'il a données, sont empruntées au bel ouvrage de M. Caillére, de Rennes, le Trésor de rArmoriqiie.
M. LE Président présente les excuses de MM. le baron de Wismes et Pied, empêchés. M. Port entretient la Société de l'intéressante découverte qui vient d'être faite sur les dunes de Sainl-lJrévin, à peu de distance du fort du Pointeau. Des ouvriers agricoles occu|)és à défricher un terrain situé sur le plateau de la Nicollerie, ont mis à jour sous une épaisseur de trois mètres de sable, superposé par couches de ton et de nature dillérenls, la table d'un dolmen parl'aKcment intact. Le dégagement ellcctué a fait apjjaraîlre un dallage de pierres plates recouvrant l'intérieur du monument. Une épée en fer d'une éjjoque difficile à préciser, une iiache en
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pierre grise polie à grain très lin, et deux beaux silex remar- quablement taillés ont été présentés à M. Port connue pro- venant du déblaiement ; mais le sous-sol jusqu'il présent n'a pas été fouillé. Demain une équipe de terrassiers, sous la- surveillance de notre confrère, doit opérer des recherches qui pourront livrer des vestiges intéressants. Plusieurs de nos collègues se proposent de suivre ce travail.
M. LE Président rend compte de ses démarches tendant à obtenir le dépôt à la ('athédrale, près du tombeau des Carmes, des restes de Françoise de Dinan. Le coffret de chêne destiné à les recevoir enfermerait également le procès- verbal relatant la découverte du cercueil et les circonstances qui l'ont accompagnée. Monseigneur a fait le meilleur accueil au désir qui lui a été exprimé au nom de la Société ; le Ministère des Cultes va être saisi de l'aliaire, et tout fait espérer sa prompte solution .
M. l'abbé Durville rectifie les erreurs commises par du Paz et Albert le Grand sur certaines clauses et la date tlu testament de la Princesse. Son décès survint le 3 ou 4 jan- vier 1499 (nouveau style) et non 1498 comme l'ont avancé certains auteurs. La maison de Chateaubriand (aujourd'hui rue de Briord) dont elle fit donation à Jean de Proisy, son troisième mari, reconstruite plus tard, devint au xviie siècle l'hôtel de la Papotière, et fut habitée ensuite par les Barrin. Connu de nos jours sous le nom d'hôtel Cheguillaume, il a . été récemment acquis par la Ville.
M. Chaillou, dont le domaine des Cléons (Haute-Goulaine) a déjà livré tant de richesses archéologiques décrites avec la science éprouvée de notre éminent confrère, présente à la Société une monnaie d'or mérovingienne qui vient d'y être mise à jour. Cette découverte mérite d'autant plus d'être signalée qu'elle vient confirmer l'opinion qu'avait fait naître l'apparition, à la suite du cyclone du 17 juillet 1890, de divers vestiges révélant la superposition d'un établissement :nérovingien à la station gallo-romaine des Cléons. Une carrière de calcaire qui dut être exploitée pour l'extraction des cercueils retrouvés au cimetière Saint- Donatien, lors de la construction de l'église dédiée aux martyrs nantais, atteste en effet le travail de l'homme à cette époque,
La médaille en question, véritable petit bijou, d'une réelle
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beauté de frappe et d'une irréprochable conservation, est le Iriens Gabalorum bien connu. (Le pays des Cabales, ancien Gévaudan, correspond au département de la Lozère). Il existe au Cabinet des Médailles, et se trouve reproduit et décrit dans l'Annuaire de la Société Française de Nusmima- tique et d'Archéologie, tome VII, année 1883, à l'article monnaies mérovingiennes du Gévaudan II porte une tète diadémée à tranche perlée à droite, devant le profd une branche renversée à trois feuilles lancéolées ; au revers un calice à deux anses surmonté d'une croix pattée avec guir- lande de feuillage au j)ourtour, cl la légende elafivs monetat. Ce nom du monétaire Elafuis permet de le dater du premier tiers du vii<; siècle ou de la lin du vi". vSon poids est de 1 gramme 25 centigrammes.
Il a été trouvé, l'année dernière, à 500 mètres de la voie romaine et de la carrière, dans le clos du Boger ; au même endroit, quatre autres pièces de même dimension en bronze, dont deux soudées ensemble par l'oxyde de cuivre, furent égale- ment mises à jour, puis malheureusement perdues ])ar la suite.
M. Hoger Chano, (hms une brilhuile causerie, retrace d'après des <h)cuments la i)luparl inédits, les dernières opé- rations militaires et les circonstances qui entourèrent la mort de du Cuesclin. Jusqu'ici l'histoire ne possédait sur les derniers temj)s (ki fameux connétable (jue des renseignements fort succincts : le récit du Trouvère Ciivelier, la chronique de Froissard, celles des quatre (kM-niers Valois et du duc de Bouibon, le Parnus Tlutlanius de Montpellier, fournissaient seuls (|ueliiucs (U)nnées i)eu précises, obscures sur i)lus d'un point, et souvent contradictoires. Les j-egistres des comptes consulaires de Saint-lMour et de Montferrand ont ])ermis à notre collègue, (kuant son séjour en Auvergne, de recons- tituer fi(k'k'nK'nt cette |)èri()(k' (k' la vie <ki grand capi- taine.
("était au nionient où Cliaries \' projetant (["annexer la Bretagne, s'apprèt:.il à luttei' contre le Duc. Le Connétable ne voulant pas tirer l'èpèe conti-e sa |)alrie, n'avait consenti à conserver sa ciiarge (|ue sur les sup|)lications de la Cour, (piaiid une occasion s'olliit heureusenuMit à hii (k' servir la France tout en restant Hix'ton.
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Des bandes de routiers, à la solde des Anglais, inleslaienl l'Auvergne, le Gévaudan et le Velay. Leurs hordes redou- tables brûlant et rançonnant la campagne, s'emparaient des châteaux qui commandent la contrée, s'y l'ortiliaient et de là fondaient sur les villes voisines. Clermonl, Saint-Flour et Aurillac, également menacées, tirent appel à la vaillance de du Guesclin pour châtier ces pillards et délivrer le pays.
Le 10 Juin 1380 il est à Clermont où il arrête le plan de ses opérations, (^haliers et Cariât en Haute-Auvergne, et (Château- neuf de Randon dans le Gévaudan servent de places fortes à l'ennemi et vont èti-e investies. Son écuyer part immédiate- ment pour Saint-Flour porteur d'instructions aux consuls qui doivent convoquer les gens de guerre, réunir l'artillerie et veiller à la fabrication des poudres et des pots à feu.
Le 21 Juin l'armée à laquelle se sont jointes les milices de toute la Province et que commandent sous sa haute direction le duc de Berry et le maréchal de Sancerre, vient mettre le siège devant Chaliers. Six jours durant l'artillerie bat la place, puis l'assaut est donné et les assiégés capitulent le 27.
Dès le lendemain du Guesclin levait son camp et allait s'établir sous les murs de Châteauneuf de Randon. Le siège était commencé et d'après la tradition, le capitaine anglais désespérant de ses propres forces avait promis de se rendre si dans douze jours la ville n'était secourue.
Sur les entrefaites le Connétable tombe malade, empoi- sonné disent les uns, atteint de la dyssenterie selon les autres. Le mal s'aggravant on le transporte mourant au fort de Chaliers où il rend l'àme le 13 ou le 14 juillet 1380, et non le 18 comme l'avancent la plupart des historiens.
La légende a popularisé la scène fameuse : le gouverneur, fidèle à la foi jurée, serait venu le douzième jour remettre les clefs de la forteresse au chef français, et les déposer sur le cercueil du grand batailleur.
Son corps fut transporté au Puy d'abord, où ses intestins, recueillis dans une urne furent déposés aux Jacobins; puis à Montferrand près de Clermont, où Von dut Jaire bouillir ses chairs dans l'eau chaude ; le squelette réclamé par Charles V alla prendre place à Saint-Denis à côté des tombes royales ; enfin le cœur repose à Dinan dans l'Église Saint-Sauveur.
Soc. Archéol. Nintes. B
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M. Révérend communique deux délibérations des Registres du Général de la paroisse d'Arzal (Morbihan) qui relatent un curieux épisode de la vie provinciale du xviiie siècle.
Les seigneurs de Broël qui avaient à Arzal droit de haute, moyenne et basse justice, possédaient dans l'église prés du chœur une chapelle à leur usage exclusif. Or, un jour de l'an 17(51 elle fut encombrée de bancs, de coffres et il'armoircs si bien (pie le Seigneur ne put y trouver place.
Aussitôt par l'organe de leur procureur fiscal, les châtelains protestent et requièrent l'enlèvement du mobilier d'église qui masque la vue du sanctuaire et le Général accueille la réclamation et ordonne d'y donner satifaction.
Mais le Recteur fd, paraît-il, la sourde oreille; du moins laissa-t-il dans la chapelle un i)upître de dimension plus qu'ordinaire. Alors l'affaire tourne au tragique. Devant le Général convoqué de nouveau le 30 Janvier 17G2, l'avocat du Seigneur se plaint que la porte de connnunication de la chapelle au sanctuaire ait été fracturée et une partie du mobilier indûment replacée. En vain le Recteur essaie d'intervenir et veut se justifier. L'avocat lui coupe la jjarole et l'oblige à se taire.
Dans un débat si critique, quel parti vont prendre les notables? Grand endjarras et cruelle énigme! Enfin une seconde délii)érati()n condanme le pupitre à réintégrer la sacristie.
Qu'advint-il? Le lutrin sans doute s'obstina à envahir la place, et force fut au seigneur de liroèl de se pourvoir en Parlement pour obtenir enfin la libre jouissance de sa chapelle.
La séance est levée à G heures.
Le sccrclaur yciicml, J. Senot de la Londe.
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SÉANCE DU MARDI 3 MAI 1904
Présidence de M. Léon Maître, présiilcnl
Etaient présents: MM. René Blanchard, abbé Brault, DE Brévedent, Cazautet, Dortel, Roger Grand, Guichard, HouDET, Alcide Leroux, E. Pied, Pouvreau, Senot de la Londe, p. Soullard, Trochon de Lorière, de Veillechèze, Vignard, barons Chr. et G. de Wismes.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté sans observation.
M. le Président dépose sur le bureau une lettre de M. le Secrétaire général de la Société des Antiquaires de Nor- mandie (Caen), qui accuse réception des Bulletins de notre Compagnie et annonce l'échange de nos publications. Il fait aussi part du décès de M. Oheix père, mort à Savenay le 23 avril dernier. M. Oheix était membre de notre Société depuis 1886, et bien qu'éloigné habituellement de nos séances, il s'intéressait vivement à ses travaux.
M. Dortel communique un joli portrait de M. l'abbé Four- nier curé de Saint-Nicoles, représentant du Peuple à l'As- semblée de 1848, dessiné par Courtois ; — une série de belles photographies d'un coin ignoré du vieux Nantes, la Cour Richard, située près de la rue de l'Héronnière ; — et une gravure en couleurs représentant Jean IV à son lit de mort chargeant le connétable de Clisson de la garde de ses enfants.
M. l'abbé Brault annonce qu'il a découvert à la Biblio- thèque du Grand-Séminaire un bréviaire du xviiie siècle dont les marges contiennent d'intéressantes notes sur l'histoire du couvent et de l'église des Jacobins. Notre confrère donne ensuite lecture du procès-verbal de la découverte des restes de Françoise de Dinan. Après avoir indiqué l'emplacement qu'occupait le cercueil de la Princesse et l'aspect qu'il pré- sentait, le rapport signale l'état du squelette, puis l'hypo- thèse émise au sujet de son identité ; il constate ensuite comment l'inscription déchiffrée le 22 mars dernier par M. P. Soullard, bibliothécaire de la Société archéologique, a
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mis fin à toute les contreverses, et établi irrévocablement que ces ossements étaient bien ceux de la belle-sœur du duc François h'', plus tard éj)ouse de Guy XIV de Laval et gou- vernante de la Duchesse Anne. Cet acte, signé par tous les Membres présents lors de l'exliumation et de l'ouverture du cercueil, doit être transmis au .Ministère des (Àiltes par